Ayant acheté une carte postale ancienne
représentant une ferme solognote, mon amie la Grenouille découvrit en lisant le
texte figurant au verso qu’il s’agissait de la ferme de la Charrière à Cour-
Cheverny (elle est située près du Gué la Guette sur la route de Cour-Cheverny à
Fontaines-en-Sologne). Intriguée par le nom, mon amie me demanda alors s’il y
avait un rapport avec les charrettes. Ma réponse fut affirmative. Vous
trouverez dans cet article quelques autres exemples de noms de lieux dont on
peut deviner l’origine.
La Charrière, commune de Cour-Cheverny :
Deux origines possibles :
La ferme de la Charrière en 1905 |
Pour le dictionnaire du Moyen Français (DMF) : «
voie prévue pour le passage d’un chariot, d’une charrette (principalement dans
les champs et les bois) » − Par analogie « Chemin à l’extrémité d’une
terre, à la lisière d’un bois. »
Synonyme : Chaintre, dont le DMF donne comme
définition : « espace nécessaire pour tourner la charrue, à chaque extrémité
d’un champ labouré ».
Antonyme : Estrée « route, grand chemin ».
La Rousselière (variante : Roussellière), comnune de Cheverny (La Rousseillière au
XVIIIe s. carte de Cassini) vient de Rousseau, nom
de personne d’origine française. Il existe une profusion de noms se rapportant
aux cheveux. Ce fut au Moyen-âge un moyen de désignation des habitants des
villages. En l’espèce, il s’agit d’un homme aux cheveux roux.
La Levraudière, commune de Cheverny, s’écrit La Levreaudière au XVIIIe s. (carte de Cassini) et encore en 1813 (cadastre).
Levrault, est un nom de personne d’origine française. C’est le nom du premier propriétaire de l’endroit. L’origine du nom est assez facile à trouver : 1306 levroz « jeune lièvre »; puis levraut (dictionnaire Godefroy (complément). Dérivé de lièvre, suffixe ot, puis aut (aud).
Le nom peut donc être le surnom donné à un artilleur (qui manipule les premiers canons) ou celui donné au joueur d’instrument de musique.
Les Bombardières, commune de Cheverny, après Poêly : le premier habitant s’appelait Bombard, nom de personne d’origine française dès le XIVe s. L’origine est incertaine :
1) Dérivé masculin de bombarde = instrument à vent.
2) Puis, en 1363, machine de guerre servant à lancer des pierres. Vient du latin classique bombus « bruit retentissant » ; suffixe arde à rapprocher au sens du latin médiéval bombarda, sorte de flûte, XIIe s. et au sens italien bombarda « machine de guerre ».
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La Briquière, commune de Cour-Cheverny : nom féminin brique et suffixe
ière à valeur collective. Lieu où l’on fait des briques. Ou briquier =
homme qui fait ou vend de la brique. Nom de personne d’origine française
emprunté au mot néerlandais bricke, brike « brique », à rattacher au
verbe breken (casser). Cet étymon est confirmé par l’importance des
briqueteries des Pays-Bas. Trésor de la langue française informatisé (TLFi).
L’Ardoise est située sur la commune de Cour-Cheverny (s’écrit Lardoise sur
le cadastre de 1813) .
Ardoise, nom féminin après 1260, vient du bas latin
ardesia appartenant en propre au nord de la France et peut-être dérivé
d’un préfixe gaulois ard(u)-« haut, élevé » que l’on trouve dans Ardu-enna
« Ardennes », région où sont exploitées des carrières d’ardoise. En 1345,
plaque de pierre schisteuse façonnée servant à couvrir les maisons (au sud prévaut
un type lausa, lauze ou lause, ou encore lave, pierre utilisée
pour la couverture des toitures). À la fin du XVe s., par métonymie, le nom
devient synonyme de maison d’ardoises, maison couverte en ardoises. Les maisons
couvertes en ardoises furent rares aux XIe-XIIe s.
En région Centre-Val de Loire, une maison couverte en ardoises devenait un
signe extérieur de richesse.
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La Pauvertrie, comnune de Cheverny, s’écrit La Pauvrettière (carte de Cassini) et La Pauverterie en 1813 (cadastre).
Pauvert, nom masculin, apparaît dès 1050 et devient un nom de personne dès le XIVe s. Il vient du latin paupertatem = pauvreté, formé sur pauper = qui produit peu en parlant des animaux et de la terre. Ancien français povert = pauvreté, pauvre. Le toponyme désigne une terre pauvre et le nom de personne un surnom donné à une personne dans l’indigence.
La Quenouillère (Cour-Cheverny), vous l’avez deviné, vient de Quenouille,
nom de personne d’origine française, apparu au XIVe s.
et nom du premier propriétaire. Quenouille, nom féminin vers 1179, est
issu du latin médiéval conucula, élargissement populaire du latin
classique colus = bâton dont une extrémité est garnie de laine à filer.
La Quenouillère est située à Cour-Cheverny près du château des Aulnières,
limitrophe avec Cellettes.
Sources :
- Denis Jeanson : toponymie région Centre Val de
Loire
- Trésor de la langue française informatisé (TLFi)
-
Dictionnaire Godefroy - ancien français (complément)
Le Héron - La Grenouille n°33 - Octobre 2016
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