Jacqueline et Bernard
Maréchal, propriétaires du domaine de La Pauvertrie à Cheverny, ont publié dans
un ouvrage récent (1) un historique de ce lieu, dont nous reprenons ci-dessous quelques extraits.
Sur la carte de Cassini au XVIIe siècle, figure à cet endroit le lieudit « La
Pauvrettière ». On trouve ensuite la mention de la closerie de la Pauverterie
dans un acte de mariage de février 1748. Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu’au
11 juillet 1953, date à laquelle Pierre et Marie-Thérèse Schneider Maunoury,
les parents de Jacqueline, acquièrent la propriété.
Dans l’acte de vente, l’inventaire
des lieux fait état des mêmes constructions que celles de 1748 : « Une allée bordée d’ormeaux et de marronniers d’Inde
[partant du] chemin de la rue Collin (2), conduit à la cour ». Seuls les marronniers ont persisté jusqu’à nos
jours.
Quelques appellations ont changé, comme « le cénacle (3) contenant deux pressoirs » qui est devenu « une belle grange ». Les deux pressoirs ont depuis longtemps
disparu, mais trois importantes cuves pour la fermentation du vin rouge sont
encore le témoin d’une activité viticole importante (le pressoir a fonctionné pour
la dernière fois en 1962). On trouve la trace de vignobles sur le domaine dès
1850, et aujourd’hui encore environ un hectare de vigne cépage Romorantin est
exploité par François Cazin (Domaine du Petit Chambord). Il est difficile d’établir
la chronologie des différents bâtiments d’habitation et d’exploitation agricole.
Au nord, la maison du closier (avec sa porte surmontée d’une pierre sculptée Renaissance),
l’étable, la pièce du four à pain, l’écurie sont le témoin du passé agricole du
domaine. Le toit en tuiles vernissées de l’appentis comme on peut en voir en Bourgogne
reste un mystère… La maison des propriétaires, avec son toit à la Mansart, clôt
la cour côté Est. À l’arrière, un jardin entouré de murs permet de s’isoler des
terres agricoles voisines. En 1955, la maison principale a été prolongée au sud
dans le respect du style ancien, sur des plans de l’architecte Yves Colmet-Daâge.
Au milieu de la cour, un beau puits avec sa margelle de pierre surmontée d’une
élégante ferronnerie a permis à plusieurs générations de consommer son eau, ce qui
n’est plus possible aujourd’hui du fait d’une pollution constatée en 1990.
La
Pauverterie a perdu aujourd’hui une voyelle, et se nomme la Pauvertrie (4).
Dans la pièce d’entrée, le mur, débarrassé de son
papier en 1953, a fait apparaître sur le plâtre, peint en rose saumon, le
dessin d’un homme en perruque et jabot, à la mode Louis XIV. Dûment encadré à
même le mur, et surnommé « Monsieur de Pauvert » (!), il veille sur les
habitants de la demeure. Ce dessin pourrait être de la main de madame Barbier
(1897 - ?), ancienne propriétaire. On sait seulement qu’elle aimait dessiner…
P. L. ■
Merci à Jacqueline et Bernard Maréchal de nous avoir fait partager les particularités de leur propriété.
(1) CDPA 41 – Patrimoine dans votre commune n°53 – septembre 2019 – Cheverny.(2) Aujourd’hui, la rue qui passe devant la propriété s’appelle la rue de la Talonnerie.
(3) On ignore la raison de cette dénomination dans l’acte de vente. «Cénacle» désigne habituellement un «Comité restreint, cercle de gens de lettres, d’artistes ayant des conceptions communes» (Larousse).
(4) « Pauvert » semble correspondre à l’ancien français «povert» (= pauvreté), avec un sens précis qui reste à définir : peut-être un toponyme désignant une terre pauvre (Geneanet).
La Grenouille n°60 - Juillet 2023
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de nous donner votre avis sur cet article, de nous transmettre un complément d'information ou de nous suggérer une correction à y apporter