Le huard et le loon

Le loon
Avez-vous déjà entendu parler du "loon" ? Personnellement je ne connaissais pas cet animal jusqu’à ma visite chez mon cousin Frog (1) d’Amérique du Nord. 

Les Huards - Cour Cheverny
J’avais pris une photographie d’un oiseau sur un lac du Minnesota et lorsque j’interrogeai mon hôte sur cet oiseau, il m’indiqua qu’on l’appelait «le Loon» mais aussi et plus précisément «plongeon huard» ou «huard à collier» et lorsque je lui demandai pourquoi «huard», il me précisa que c'était à cause de son cri très particulier. 


Huard = Cri ! Bon sang mais c’est bien sûr ! Je me retrouvai d’un coup chez nous, à Cour-Cheverny au lieu-dit «Les Huards» au coeur de mon enquête, pour vous lecteurs, sur l’origine des «Huards». Vous savez que je ne peux pas aller quelque part sans chercher à connaître l’origine du nom du lieu et j’avais donc appris dans mes chers livres que le «huard» - synonyme de Pygargue - c’était, dans nos campagnes : le «milan» oiseau rapace diurne de la famille des falconidés ; en ancien Français – début du 12ème siècle – aussi appelé «escoufle». Fin 13ème, début 14ème siècle, huard pouvait signifier aussi le chat huant ou chouette. Huard (ou Huat, Hua, Huan) est dérivé de «huer» qui veut dire crier, pousser des cris (emploi transitif ou intransitif) et, en emploi intransitif, se dit de certains oiseaux - en particulier le héron, la chouette et le hibou : pousser son cri. 

Pour être complet, «huer» est lui-même dérivé de l’onomatopée «hu» (hui, huy,huyt) qui signifie cri en général. En ancien Normand ou moyen français, on traduisait aussi Hua par «cri poussé à la vue du Milan» (escoufle) : les petits enfants crient : «hua !» quand ils voient voler une escoufle. 

D’après monsieur Prosper Blanchemain, célèbre éditeur, à la fin du 19ème siècle, des poëtes anciens – notamment des 16ème et 17ème siècle -, les enfants de Rouen appelaient un cerf-volant de papier une escoufle ; (à propos de « La fricassée crotestyllonnée », monologue dramatique fait de bribes de chansons, de devinettes et de proverbes, écrit en 1552 par Épiphane Sidredoulx). 

Ainsi, la boucle est bouclée ; Vous pouvez maintenant parler au milan et lorsque vous le rencontrerez, au détour d’un chemin, levant les yeux pour admirer son vol, ne manquez pas de faire comme les enfants de Rouen «Hua ! hua !» 

(1) La grenouille américaine. Pour en savoir plus sur les oiseaux consultez le site internet www.oiseau.net

Le Héron - La Grenouille n°5 Octobre 2009

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