Ne pas se fier aux
apparences peut aussi se traduire par l’expression : « tout ce qui brille n’est
pas or ». Ce proverbe du XVIIe s, traduit du latin médiéval (qui viendrait du
Roman de Renard), pourrait s’appliquer à deux toponymes de nos communes :
Le Bois Doré
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Le Bois Doré, commune de Cour-Cheverny
(sur la voie de La Grilletterie, au sud du lieudit Les Murblins)
était à l’origine le bois du sieur Doré. Le bois a ensuite été défriché pour
laisser la place à des champs et à une exploitation agricole. Cette forme de
juxtaposition du complément de nom et du nom (sans la préposition de) est
apparue au Moyen-âge. Le patronyme Doré (variante Dauré) est
peut-être dérivé d’or, nom de personne dès le XIVe s.
Mais Doré et Dorée
sont aussi des variantes de Doret, hypocoristique (1) de Théodore,
nom de personne d’origine grecque, avec aphérèse (2). (Dans l’Indre, il
existe un toponyme dénommé Le Bois Doret).
La Porte Dorée
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Commune de Cheverny (entre Le
Breuil et La rue Colin) est mentionnée Porte Doré au XVIIIe s.
(Carte de Cassini) et ce n’est que sur le cadastre Napoléon de 1813 que ce
toponyme devient La Porte Dorée. Cette dénomination primitive, sans que
le nom de l’endroit soit précédé de l’article le, nous donne
l’indication qu’il a été formé à une période où l’ancien français ne s’était
pas encore totalement dégagé de l’influence du latin (langue dans laquelle
l’usage de l’article est inconnu). On peut donc en déduire qu’il daterait du
haut Moyen-âge, au plus tard du Xe s. environ.
Le Soleil ne brille pas non
plus pour tous les Louis (par référence à Louis XIV).
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Le Luizard, commune de Cheverny (près
des Ruaux, sur la route de Fougères).
Le Luisard en 1813
(cadastre), probablement le nom du premier propriétaire des lieux, vient de Louis,
nom de personne d’origine germanique et suffixe français péjoratif « ard ».
Louis est dérivé du prénom germanique Hlodowig, synonyme de « gloire »
et de « combat ». Chez les Mérovingiens, la forme équivalente était Chlodowic,
qui a donné Clovis, mais aussi Luis, Ludwig, Ludovic...
L’utilisation du suffixe
substantivant « ard » qui sert à préciser l’état de la personne
désignée et qui est un suffixe péjoratif (en ancien français) peut donner en
l’espèce une note populaire à l’opposé du prestige de Louis, considéré comme un
prénom royal.
Le Héron - La Grenouille n° 35 - Avril 2017
(1)Hypocoristique : terme
qui exprime une intention caressante, affectueuse, notamment dans le langage
des enfants ou ses imitations ; l’abrègement des prénoms (Mado, Alec) est
parmi l’un des procédés employés.
(2)Aphérèse : retranchement
d’une syllabe ou d’une lettre au commencement d’un mot.
Sources :
- Denis Jeanson : toponymie
Région Centre
- Trésor de la langue
Française informatisé (TLFi)
- Dictionnaire Godefroy –
Ancien français
-
Jean-Louis Beaucarnot : les noms de familles et leurs secrets.
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