Le paradis perdu des Péraudières

Je vous avais promis des toponymes insolites, hé bien, figurez vous qu’un jour, mon ami le Héron (qui m’aide dans mes recherches) me lance : 
“Le Paradis de Cour-Cheverny a disparu, il ne reste que l’Enfer et le Purgatoire ! ” 
- “Explique-toi Héron“ 
- “Voilà, c’est simple : sur le cadastre contemporain de Cour-Cheverny et la carte IGN, figurent, à coté des Péraudières, (près de la Désoucherie et de la route de Fontaine-en- Sologne) deux autres lieudits, le Purgatoire et l’Enfer. Pour moi il manquait le Paradis et, cherchant à en savoir plus, j’ai découvert, en consultant le cadastre Napoléon (1813) et la carte d’État-major de 1804, qu’à cet endroit figurait, à l’époque, un troisième nom : le Paradis. Tu dois pouvoir trouver l’explication, Grenouille, à toi de jouer…” 

Je me mis aussitôt en chasse d’informations dans ma bibliothèque (encore verte malgré la sécheresse !) et j’appris ainsi que ces toponymes – le Paradis et l’Enfer - étaient très répandus au Moyen-âge, et utilisés seuls ou ensemble dans un même terroir, parfois à quelques centaines de mètres de distance. 
L’Enfer désignait le plus souvent un endroit stérile ou difficile à cultiver par opposition au Paradis, synonyme de bonne terre, bonne vallée. L’Enfer pouvait aussi évoquer un lieu difficile d’accès ou encaissé par rapport à une terre plus accessible et plus facile à cultiver, généralement située plus haut, et l’on retrouve dans ce cas l’opposition. Mais quid du Purgatoire dans le cas qui nous occupe ? L’utilisation des trois toponymes est beaucoup plus rare et servait plutôt dans ce cas de figure à identifier des bâtiments isolés appartenant à un même propriétaire ou à une même famille (Les Perrot ou Perault). 
Extrait du cadastre Napoléonien (trouvez le nord !!!)
L’extrait du cadastre Napoléonien (ci-dessus) conforte cette explication puisqu’il montre, en effet, que les trois noms correspondent à 3 bâtiments ou ensemble de bâtiments distincts (maisons ou dépendances agricoles) situés un peu à l’écart du hameau des Péraudières. 
À propos de ce hameau je vous avais expliqué, dans mon enquête de La Grenouille n° 9, les terminaisons des noms de lieux en –ière , mais savez-vous d’où viennent les noms de Perrot, Perrault, Peraud (avec un ou deux «r») ? Ces noms dérivent du prénom Pierre sous sa forme ancienne Père (ne pas confondre avec père de famille) à une époque ou certains prénoms ont été utilisés comme patronymes avec, pour certains, de très nombreux dérivés, Pierre, étant sans conteste celui qui en compte le plus, notamment sous sa forme ancienne “Père(1). Je termine mon propos en vous précisant que lorsque j’ai fait part du résultat de mes recherches à mon ami le Héron, celui ci m’a indiqué, qu’il y a aussi un Enfert disparu sur la commune de Cour-Cheverny ! 
Réponse quelque part dans cette rubrique..., à vous de chercher...

Source : (1) Jean Louis Beaucarnot : « Les noms de famille et leurs secrets » p. 83

Le Héron - La Grenouille n° 12 - Juillet 2011 

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