Les Ponts : Pontchardon


Pontchardon au XX ème siècle.
Lors d’une promenade au bord de la rivière le Conon, mon ami le Héron et moi-même avons cherché en vain un pont à proximité du lieudit « les Planches ».
Le Héron me dit : « il a dû être détruit, mais il est a peu près certain qu’il y en avait un autrefois ». En effet, au Moyen-âge, si les gués étaient fréquents, les rares ponts étaient pour la plupart construits en bois et appelés communément des « planches » (à l’origine petites passerelles) et ce nom est devenu un toponyme assez fréquent. 

Poursuivant notre chemin, nous trouvâmes enfin un pont près d’une propriété appelée Pontchardon (ou Pont-Chardon). Cette propriété comportant d’imposants bâtiments, avec une enceinte et des douves et ressemblant à un petit château, ne pouvait qu’attiser notre curiosité. Je chargeai donc le Héron de rechercher l’histoire de ce lieu que je suis en mesure de vous conter aujourd’hui. 
Du latin pontus, le toponyme pont est présent seul ou composé avec un nom de personne, un adjectif ou un nom de rivière. En l’occurrence, Chardon pourrait être le nom du premier seigneur ou habitant des lieux, l’origine de ce nom étant, soit une aphérèse (1) de Richard, Guichard, soit dans un sens analogique « le chardon pique comme l’ancêtre pouvait avoir un caractère ou un abord difficile ou une langue bien médisante » (2). 
Historiquement, la position élevée sur la crête du coteau de la rive gauche du Conon favorisa l’implantation d’une motte et/ou d’une enceinte gauloise ou castrale (féodale) dont les vestiges sont encore visibles (3). Le bâtiment principal a été édifié au 16ème siècle (la tour hexagonale de style renaissance date du 19ème siècle) et il subsiste du Moyen-âge une partie des douves et une petite tour d’angle ronde dont l’usage défensif se reconnait par la présence d’une petite meurtrière orientée vers l’entrée restée au même emplacement et où se trouvait juqu’au début du 20ème siècle un pont levis. 

Le propriétaire au 16ème siècle était Michel Cosson, trésorier-payeur de la gendarmerie ; au 17e siècle, il appartient à la famille Chaunet puis à Louis Mahy de Bois-Martin, chevalier, seigneur de Pontchardon, procureur général en la chambre des comptes de Blois et ses descendants. De cette grande famille sont issues les familles Barberet, de Saint-Amand et de Samboeuf. 

Pontchardon aujourd'hui
C’est au premier tiers du 20ème siècle que commence l’histoire contemporaine, désormais religieuse, de ce lieu. La propriété échoit à Anne-Marie de Samboeuf qui y accueille son amie Geneviève Binet de Boisgiroult de Sainte-Preuve qui fonde la Pieuse Union des « Petites Servantes de Jésus Prêtres et Hostie » (4). Au décès de mademoiselle de Samboeuf, en 1948, Geneviève de Sainte-Preuve se retrouve seule dans le domaine et, selon la volonté de mademoiselle de Samboeuf, qui souhaitait que la propriété devienne un centre sacerdotal, elle en fait don en 1981 à Monseigneur Marcel Lefebvre et à sa fondation « La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X ». Elle avait rencontré monseigneur Lefebvre en 1974 et, le 15 octobre1978, c’est à Pontchardon qu’avait eu lieu, après le concile de Vatican 2, la première messe traditionnelle en latin, à l’initiative de ce dernier devenu le chef de file de la résistance catholique pour le maintien de la tradition. 

De cette acquisition à nos jours, « La Fraternité » a assuré la desserte dominicale mais la restauration et l’entretien de la propriété qui n’était pas occupée en permanence, nécessitait une présence constante. Ce sont les religieux Capucins de Morgon qui ont accepté de venir l’occuper à demeure. Depuis deux ans ils préparaient leur installation définitive qui est effective depuis le 5 octobre dernier. 
Le Père Pierre
Le Père Pierre, supérieur de cette nouvelle communauté religieuse prévoit, après l’arrivée de trois religieux, un effectif de 8, puis de 12 autres à terme. Vous les croiserez certainement dans nos villages, ou en vous rendant à l’office dans la chapelle Notre-Dame de la Compassion située dans l’enceinte de la propriété. Ainsi le voeu de Mademoiselle de Samboeuf est réalisé.



1) Aphérèse : procédé du français familier qui consiste à retrancher une ou plusieurs syllabes ou bien une ou plusieurs lettres au commencement d’un mot.
2) Jean Louis Beaucarnot : Les noms de famille et leurs secrets.
3) L’enceinte castrale ou/et la motte féodale, sont les premiers châteaux forts à partir du 10ème siècle. L’enceinte de Pontchardon est citée dans un ouvrage de la société d’histoire naturelle de Loir-et-Cher et par M. Florance.
4) Pieuse union : type d’associations de fidèles qui jouent un rôle dans la vie de l’Église.
    

Le Héron - La Grenouille n° 17 - Octobre 2012

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