Le four à briques de Cour-Cheverny est à préserver

Le four à briques
de Cour Cheverny
Pour faire suite à notre article sur la collection de briques et terre cuites de Michel Pasquier (“La Grenouille” n° 3), nous mettons l’accent aujourd’hui sur le très beau four à briques qui se dresse encore sur la propriété de Laurent Ravineau qui a pris soin de le préserver au mieux dans un environnement de verdure joliment paysagé. 

Un témoignage de l’époque pas si lointaine où chaque commune de Sologne comptait un ou deux fours dont sortaient les tuiles et les briques qui servaient à construire maisons et châteaux alentours. 

À partir de 1811, une autorisation préfectorale était nécessaire pour implanter une tuilerie. C’est Michel Molitor, en 1813, qui a construit le four de type vertical encore visible à Cour-Cheverny. 

Le processus de fabrication des briques : les briques étaient préparées à partir de l’argile extraite sur place avec des étapes immuables : 
La cheminée du four à briques
  • élimination d’un maximum d’impuretés de l’argile en procédant, à l’air libre, à plusieurs retournements,
  • mélange avec du sable (dégraissage) et de l’eau,
  • malaxage à pieds nus (plus tard avec des machines),
  • moulage dans des moules en métal ou en bois,
  • séchage pendant environ 50 jours ; près du four de Cour-Cheverny, des bâtiments pourvus de nombreuses petites ouvertures pour permettre la circulation d’air servaient de séchoirs,
  • chargement du four d’une cinquantaine de tonnes d’argile : une opération qui demandait une semaine de travail pour réaliser un entassement ajouré qui permettait aux flammes de bien “lécher” l’argile sur une hauteur de 5 mètres, 
  • les fagots de bois, placés sous la grille du foyer étaient allumés, après avoir procédé à l’obstruction de l’entrée du four. Pendant 2 à 3 jours à 300°, on enfumait la brique pour lui faire perdre sa buée. Quand la fumée passait de blanche à grise, on faisait monter la température du four à 950°, c’est à dire tous les quarts d’heures pendant 3 jours et 2 nuits. Il fallait donc alimenter constamment en bois, une mauvaise alimentation risquant de faire échouer la fournée. La flamme devait s’échapper par la cheminée. Le four assurait 6 à 8 fournées par an et avait besoin d’une semaine pour refroidir. 
Une restauration du four
à briques est nécessaire
Le foyer était en activité du printemps à l’automne. Au mauvais temps, on extrayait la terre par tranchées et on s’approvisionnait en bois de chauffage : bois blanc et résineux, pas de chêne dont le tanin colore mal à propos les briques. 


Le devenir du four à briques de Cour-Cheverny est incertain. Des fissures sont apparues et se sont rapidement élargies ces dernières années. Une restauration est nécessaire sous peine de le voir s’écrouler bientôt. Les racines du lierre assurent encore la cohésion de l’ensemble, mais pour combien de temps ? La colonie de chauves-souris qui occupe les lieux d’année en année de juin à septembre est inquiète. 


La Grenouille - La Grenouille n°5 - Octobre 2009  

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