Le Héron, à qui
j’avais demandé de « plancher » pendant ses vacances, m’a fait part, l’autre
jour, de ses recherches sur les toponymes de nos communes : «Tu as
remarqué, mon amie la Grenouille, que de nombreux toponymes proviennent de noms
de famille d’origines diverses (latine, gauloise, germanique…) ou sont en
rapport avec la configuration géographique des lieux ; il se trouve aussi que
certains peuvent avoir la même origine, ce qui n’apparaît pas à première vue ».
Ainsi, en est-il notamment de trois lieudits situés sur la commune de Cheverny
: Aireau, Les Ruaux (route de Fougères) et Lézeau (sur
la route de Cheverny à Cellettes après la Canneterie sur la gauche).Pour Denis
Jeanson (1), l’origine commune de ces trois toponymes est Aireau :
nom commun qui possède de nombreuses variantes : Aiseau, Ereau,
Héros, Hézeau, laizeau, lézeau, Ros, Ruau... et provient de
l’adjectif latin arealis (area) qui s’employa substantivement
en bas latin ; Aireau désigna d’abord, dans les chartes
mérovingiennes, un emplacement pouvant être bâti, puis, la demeure bâtie sur
cet emplacement. Il prit ensuite le sens de groupement de maisons, village (XVe
s.). Arealem se transforma régulièrement en aireal puis aireau,
puis, par sigmatisme (2) en aiseau ; avec
agglutination (3) de l’article défini élidé (4),
il devient laiseau, lézeau, lurau, lureau...C’est un nom de
personne dès le XIVe s. - A propos des Ruaux, il existe une
autre origine possible (qu’André Pégorier (5) a également
retenu) : il s’agirait d’un nom commun apparu au XIIe s. Variante –Réault,
Rueau – du Bas latin rivellum, diminutif de rivus (ruisseau,
canal) qui remplaça rivulus(petit ruisseau). Dans le « Pégorier »
figure la mention « nm : îlot, ruisseau - Blois » et sur le
cadastre Napoléon de 1813 la mention « douves et canaux ». La
configuration des lieux que nous connaissons aujourd’hui penche pour cette
deuxième interprétation. - Avec Les Coudas(près du Petit
Chambord, en limite de Cour-Cheverny sur la voie de La Préasle),
nous retrouvons des noms de personnes d’origine germanique. Variante de Coude (ou Code,
Couddes), ce toponyme s’écrit Coude sur la carte de
Cassini du XVIIIe s., comme le village deCouddes près de Contres.
Tous deux viennent de Chaldo, nom de personne avec le suffixe
« a» pour villa, ou Coldus, autre nom de personne
d’origine germanique : « les » signifie « chez »(les
Coudas). - Toujours à Cheverny, Troussay, avec sa
variante Trossay, vient d’un nom de personne d’origine
gauloise, Trocéius, variante de Troccius qui avec
le suffixe acus donneTrociacus (Bas latin). Autres
orthographes : Trouscé sur la carte de Cassini et Troussé sur
le cadastre Napoléon de 1813.

Les Ruaux, Lézeau, Les Coudas, Troussay à Cheverny

Aireau, à Cheverny, au même endroit que Lézeau
(carte de l'Etat Major1820 - 1866)


(carte de l'Etat Major1820 - 1866)
(1) Dictionnaire topographique Centre Val-de-Loire.
(2) Sigmatisme : dyslalie caractérisée par la mauvaise
articulation des consonnes constructives : ici le « r ».
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