Qu’ont en commun Fontenille (commune de Cour-Cheverny)
et Poëly (commune de Cheverny ) ?
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Poëly, la Fontenille |
En ce début de printemps, m’entraînant pour le
marathon de Cheverny, (eh oui !) je me retrouvai un beau matin près du lieu-dit Fontenille sur la D 765 en direction de Romorantin. Vous
connaissez ma passion pour la toponymie et je pensai immédiatement à une
fontaine... À la claire fontaine, m’en allant promener…la la la la … (normal
pour une grenouille n’est ce pas ?).
Mais point de fontaine ne trouva ce matin
là à Fontenille !
Poursuivant mon chemin, et coupant par la forêt, vers le
nord-est, je me retrouvai à Poëly (après
avoir traversé la D 102 - route de Cheverny à Contres) où je fis une pause. Vous
connaissez aussi ma curiosité, et je m’interrogeai sur ce qui avait bien pu
donner son nom à ce lieu-dit, mais ne trouvai point non plus de “Paielle” ou “Poile” ou autres ustensiles de cuisine dont je subodorai l’existence.
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Carte de Cassini - Source IGN |
Rentrant chez moi et retrouvant ma bibliothèque (toujours verte), je me
plongeai à nouveau dans mes dictionnaires et autres documents anciens... et finis
par trouver ce que je cherchai s(patience et longueur de temps…). Figurez vous
qu’en vieux français, outre diverses significations (dont celle évoquée
ci-dessus), Poële signifiait
chez les Comte de Blois : “La partie profonde d’un étang voisine de la bonde” paielle de son estenc – fiefs des comtes de
Blois(1). Évidemment, vous me direz que vous ne voyez pas le rapport ou la
relation entre Poëly et un
étang… Il n’est effectivement pas évident de nos jours mais, comme vous le
savez, les paysages changent avec le temps et la consultation de la “carte de Cassini” (ci-dessus) nous apprend qu’à la fin du 17ème siècle et au début du 18ème, il y
avait à Poêly un étang dont la bonde était située à environ 200 m au sud du
carrefour actuel de la route de Villavrain.
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Maçonnerie de l'une des fontaines le long de la propriété appelée "Fontenelle", probable déformation de Fontenille, en bordure de la D765, côté commune de Cheverny |
Cette première énigme résolue, je
me mis en quête de ma fontaine, ou plutôt de ma source au lieu-dit Fontenille.
En effet, Fontenille (ou
Fontenis, Fontenil) signifiait en vieux français “petite fontaine” - au sens propre, dans le sens premier du mot
-, ce terme signifiait également au sens figuré “petite source”, du bas latin ou latin médiéval : Fontana, substantif féminin de l’adjectif Fontanus “de source” dérivé de Fons – Fonts (du
latin classique Fons qui se
traduisait également par “fontaine, source”). En fait, en approfondissant mes recherches sur place et en
questionnant les habitants que je rencontrai, j’appris, qu’il y avait bien jadis
deux ou trois fontaines qui alimentaient deux étangs et dont il est possible de
voir encore de nos jours l’emplacement (Cf. photo). Selon la carte de Cassini,
il existait à la fin du 17ème siècle, et à cet endroit, deux étangs alimentés par
ces deux sources. Les deux étangs se déversant eux même dans un troisième plus
grand (en formant un triangle), le tout situé entre les parcelles cadastrées
actuellement lieu-dit Fontenelle (commune de Cheverny limitrophe), à l’est du
chemin du Prieuré - premier étang -, le lieu-dit Fontenille (commune de
Cour-Cheverny) – second étang - et les parcelles cadastrées actuellement La petite Taurie, au nord, où se trouvait le plus grand étang et
où il subsiste encore de nos jours une importante pièce d’eau en bordure du
chemin communal n° 17 dit “de la Taurie”.
Alors, le point commun ? : Les étangs disparus, bien sûr !
(1) Références : "Dictionnaire de l'ancien français (complément)" de Frédéric Godefroy et également "Noms de lieux en France - Glossaire de termes dialectaux" d'André Pégorier -
Le Héron - La Grenouille n°3 - Avril 2009
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